Quelques cas relevés ces dernières années :
1/ Contrairement au principe d’égalité entre tous les actionnaires, Daimler nous fait part en octobre 2015 de sa décision de ne plus nous communiquer d’information extra-financière, eu égard à notre taille. Nous sommes donc amenés à exclure le titre de notre univers du fait de ce refus, l’information dans ses documents annuels étant très insuffisante au regard de nos demandes. Simultanément, Daimler est gravement mis en cause de façon répétée dans les logiciels anti-pollution truqués en Allemagne.
2/ Lors d’un entretien, le dirigeant de Zodiac Aerospace nous indique que l’entreprise ne communique pas sur les taux de gravité et de fréquence des accidents du travail car il n’y en a pas, à sa connaissance (sic !), comme il le constate lors des visites dans les usines. Il n’est donc pas jugé utile d’organiser un lourd système de remontée d’informations à ce sujet !
En 2015, la direction de l’entreprise prend conscience qu’elle n’a pas su prendre la mesure et réagir sur les retards de fabrication et donc de livraisons des sièges commandés par les compagnies aériennes, cœur d’activité de Zodiac. La légèreté du système de remontée de l’information peut être incriminée. Nous décidons de sortir le dossier fin 2015, avant la confirmation des difficultés.
3/ L’entreprise allemande Elringklinger (joints de culasse automobile de grande qualité) fait état d’une amélioration de sa rentabilité, sans rupture technologique, dans un marché tendant à devenir de plus en plus concurrentiel. Les performances extra-financières se dégradent. Un examen attentif de la gouvernance montrant le passage du pouvoir du fondateur de l’entreprise vieillissant et sans enfants à un dirigeant salarié nous fait anticiper une évolution fondamentale négative de l’entreprise. Nous décidons en septembre 2014 de ne pas investir.
4/ Le dirigeant de Vallourec livre au cours des années 2011 et 2012 une série de déclarations apaisantes sur les retards et les surcoûts dans les programmes d’investissements industriels aux Etats Unis et au Brésil. Et pourtant, la société accumule les difficultés. La gouvernance ne fonctionne plus de façon satisfaisante puisque l’actionnaire n’est volontairement plus informé correctement et le conseil d’administration ne joue plus son rôle. Nous avons vendu en juillet 2012 à 33 € l’action (cours au 01/09/2017 : 4,20€).
5/ En mars 2017, le dirigeant de Gemalto se livre à des annonces contradictoires à quelques semaines d’intervalle, sur l’évolution du marché américain, très important pour l’entreprise. Notre réaction est rapide et nous sortons le dossier le 22 mars 2017.
Questions livrées à la réflexion :
Ne pourrait-on pas tirer une leçon de ces différents cas ? La dégradation de l’information extra-financière ne serait-elle pas un signal faible, une sorte de signe avant-coureur d’une évolution difficile pour l’entreprise ? L’information financière, très normée et fréquente, est souvent trop tournée vers le passé pour faciliter la détection du futur ! L’entreprise qui adopte une position restrictive dans la circulation de l’information E, S ou G ne laisserait elle pas en fait filtrer un témoignage indirect de difficultés internes ?
Dans le feu de l’action et de l’analyse, il est certes très difficile de faire la part des choses. Néanmoins, il est sans doute utile d’apporter une plus grande attention à ces évolutions extra-financières que l’Investissement Socialement Responsable et l’intégration ESG nous ont appris à prendre en compte.
Ce style de gestion est en fin de compte très riche ; il apporte au gérant des informations et messages susceptibles d’être révélateurs de la vie et des risques encourus par l’entreprise. Il faut savoir les décrypter.
Olivier Johanet
Le 4 septembre 2017
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